Historique de l'église de St Clair de Halouze

La paroisse de Saint-Clair-de-Halouze, autrement dit Saint-Clair-outre-Halouze, ainsi désignée parce que, par rapport à la seigneurie de Flers, elle se trouvait au-delà de la forêt, ne date que du XIV siècle. En effet, le territoire de St Clair était comprit dans la paroisse de La Chapelle (Armentier ou) au moine. Une partie de la forêt ayant été défrichée, il s'y établit, une grosse forge avec des habitants qui bâtirent une chapelle dédiée à Saint-Clair, en souvenir, d'après la tradition, de la clairière qui remplaçait l'ombre des futaie au fur et à mesure des défrichements.

 

Un des anciens curés de La Chapelle au Moine s'étant fixé dans ce hameau nouveau fut imité par ses successeurs qui, par leurs séjours fréquents dans la nouvelle chapelle, la rendirent insensiblement l'église maîtresse, au préjudice de celle de La Chapelle au Moine. Pour indemniser le prêtre chargé de dire la messe, le curé de Saint-Clair, qui percevait toutes les dîmes de la Chapelle au Moine, lui donnait une compensation qu'il trouva trop onéreuse. Dans la suite, voulant s'affranchir de toute redevance, il chercha à accoutumer les habitants à venir à Saint-Clair pour les inhumations et la réception des sacrements; mais il y a trois ou quatre kilomètres de La Chapelle au Moine à Saint-Clair, et, pour aller d'une paroisse à l'autre, il faut traverser en totalité la forêt, entrecoupée en différents endroits de fossés, de minières et de molières, et absolument impraticable en hiver. Cette situation intolérable pour les paroissiens de La Chapelle au Moine mit de longues années pour arriver à la séparation des deux paroisses.

 

Une particularité curieuse se rattache à l’histoire de la paroisse de St Clair.

 

La chapelle Saint-Roch, sur la fondation de laquelle on raconte la dramatique histoire suivante. Les habitants de Saint-Clair étant allés en procession à Saint-Roch prés de Passais, pour invoquer le glorieux patron cette paroisse furent fort mal accueillis des habitants, qui, oubliant les lois sacrées de l'hospitalité, se portèrent à des voies de fait sur le pasteur, maître Jean Louvet et tuèrent même un de ses paroissiens, Jacques Letellier, qui, sans mesurer le danger, s'était porté à son secours. Une procédure s'ensuivit, et par sentence rendue à Vire le 20 septembre 1669, continuée par arrêt de la cour de Parlement du 24 mars 1670, les coupables furent condamnés, en expiation de leur crime à bâtir à leurs frais outre une sacristie, une chapelle qui serait dédiée a leur propre patron.

 

Dans la chapelle de gauche on peut lire sur un panneau de bois une longue inscription rappelant les faits, ainsi conçue:

« Cette chapelle et sacristie ont esté basties aux frais et diligences de maistre Jean Louvet, prestre curé de cette Eglise, sous le nom et invocation de Mr Saint-Roch. pour mémorial des violences sacrilèges à luy faictes et du meurtre commis en la personne de Jacques Letellier, suivant la sentence criminelle rendue au siège de Vire du vingt jour de septembre 1669, continuée par arrest du Parlement de cette province du 24 de mars 1670. Pater noster. Ave Maria. »

 

Ceci expliquant la présence de la statue de St Roch dans cette chapelle et jusque dans les années 1950 une messe était dite le premier dimanche de chaque mois à l’intention de St Roch

 

Venons maintenant à la configuration de l’église telle qu’elle est aujourd’hui.

 

A la fin des années 1950 on enleva dans la nef la cloison de bois de la sacristie qui se trouvait derrière l’autel pour la déplacer avec l’aide de paroissiens, à l’endroit où elle se trouve actuellement. Le plafond fût refait en lambris et verni par un artisan de la commune et les murs recouverts de crépis.

 

Une dizaine d’années plus tard les autres murs de l’église furent débarrassés du plâtre et lambris qui les recouvraient pour mettre la pierre à nue et refaire les joints. Le plafond restant dans l’état et pouvant être daté Du début des années 1900.

 

A noter également les deux trous, qui furent découvert lors de la mise à nue des murs dans chacune des chapelles. La sonorisation n’existant pas lors de la construction de l’église, ce sont des caisses de résonance.

 

Dans la chapelle de droite on peut remarquer une petite statue de Ste Barbe qui tout en étant bien sûr la sainte patronne des pompiers et également celle des mineurs. Cette statue se trouvait au fond de la mine de St Clair et fut remontée en décembre 1978 à la fermeture de la mine. Cette même année, Monseigneur DEROUET, évêque de Seez est venu célébré la messe de Noël à St Clair.

 

Les bannières, celle de la vierge (portée lors des processions par les filles ayant fait leur deuxième communion et ce jusqu’à l’âge de 17 ans pas plus) et celles de St Clair et St Joseph sur le mur du fond de la nef.

 

Les deux statues en bois sont l’œuvre d’un sculpteur vendéen et misent en place fin des années 1970

 

Un mot pour terminer sur le chemin de croix qui présente quelques originalités. La première est de ne pas avoir la totalité des stations, il n’y en a que sept. La deuxième est que ces stations sont regroupées sur le même pan de mur, à gauche en rentrant dans l’église. C’est le même sculpteur qui a fait l’ambon et sur lequel on peut remarquer une lampe de mineur.

 

En rapport avec la paroisse on peut noter deux sculptures faites dans des blocs de minerai, elles sont l’œuvre de l’abbé Derouet prêtre à St Front. La première se trouve au pied du calvaire dans le bas des cités aux Noés. La seconde étant la statue de sainte Barbe qui se trouve dans la salle portant son nom derrière l’église dans la cour du presbytère.

 

En conclusion un dernier passage d’un livre d’Auguste Surville qui m’a servi de référence pour la première partie de cet historique :

« L'église de Saint-Clair est une des plus humbles de la contrée. Aussi nous ne nous attarderons pas à faire l'historique d'un édifice sans valeur, appelé à disparaître dans un temps plus ou moins rapproché ».

 

Pour terminer, je voudrais remercier celles et ceux qui par des documents ou leur mémoire m’ont apporté leur aide pour faire ce résumé.

 

Hervé SECHET