SON VISAGE ET LE TIEN
L'auteur est né dans une famille où la foi , dont on ne parlait jamais ,lui paraissait comme un poids .
Son grand – père ayant atteint 95 ans , Alexis lui demanda quelle était la nature de sa foi . « Dieu , me répondit-il ,une vibration , une lumière , un souffle ...la vie éternelle le rendra enfin perceptible mais elle n'est ouverte qu'à ceux qui croient." Cette phrase le mit en colère « m'en fout du Dieu des morts , j'aime le Dieu des vivants , celui-là seul qu'on peut sentir au cœur de notre vie, si courte et si intense ...cette vie là a valeur d'éternité , par elle nous expérimentons que nous sommes éternels , car nous sommes vivants par quelque chose qui ne meurt pas , quelque chose qui est là et qui reste , et qui ne dépend pas de nous et que nous ne faisons qu'abriter . »
Pour la recherche de ce « quelque chose » A.Jenni ne va pas utiliser le savoir : « on ne croit pas parce que l'on sait » dit-il mais il va interroger ses cinq sens et il va même en ajouter un sixième : la parole.
Car il n'y a aucune évidence de l'existence de Dieu, il n'y en eut jamais, et il n'y en aura pas.Si l'on attend des preuves, elles ne viendront pas. Il va alors, à sa manière, essayer de mettre au jour une foi qui ne sera pas lourde et muette , soumission à des règles relevant plus de l'ordre social que de Dieu ,qui ne réduira pas la vie présente au profit d'on ne sait quelle vie future, mais qui sera une "annonciation". Cette foi qu'il cherche il l'a rencontrée chez des hommes et des femmes qu'il a croisés ,il l'a lu sur leur visage , ils lui ont appris le silence , à ne plus craindre le vide , à écouter cette parole ténue qui y flotte encore, trace perpétuelle de l'origine vivante , vie éternelle encore là , déjà là , toujours là. Le dernier chapitre qui reprend le titre du livre est un véritable hymne à l' Amour , révélant l' éternité : « l'espace infime entre mon visage et le tien infiniment étroit par le contact et infiniment vaste par le lien qui nous unit . . . est la place pour tous les visages de l'humanité . . . jusqu'au sien qui est au bout et qui transparaît à travers tous.